Simplicité de Dieu
"Il reste que le premier des êtres doit être absolument simple" Thomas d'Aquin, Compendium, ch.9.
Lorsque l'on s'aventure à parler de Dieu, on est tenté de multiplier
sans fin ses "attributs", ses perfections, et ce n'est pas sans raison: la
réalité de Dieu n'est-elle pas d'une richesse, d'une complexité infinie?
Et
pourtant, on oublie souvent que Dieu, s'il peut être décrit comme
vivant d'une vie infiniment riche, peut aussi être considéré comme
"l'Être absolument simple".
Comment approcher cette simplicité?
Dieu serait-il ce qui reste
une fois que nous avons abstrait de notre pensée toute composition?
Serait-il quelque chose comme le vide infini rassemblé en un point?
Peut-être,
en un sens, car tout ce que nous disons de lui n'est jamais, dans
une certaine mesure, qu'une simple projection de notre être fini et
divisé. Dieu serait donc appréhendé par une négation, il serait un
"néant" par rapport à tout ce qui est: "Et je vis que ce néant était
Dieu", écrit Maître Eckhart.
Cependant, si nous y pensons bien, nous verrons que nos paroles sont
encore trop pauvres lorsque nous disons que Dieu est ce "rien". Nous en
disons encore trop: nous lui donnons déjà un nom humain.
Et quitte à
lui en donner un, ne devrions-nous pas choisir celui qui exprime au
mieux, non seulement sa transcendance (sa différence infinie) mais la
plénitude dont elle découle?
Quel pourrait être un tel nom?
Mon (très) vieil ami Jacques, que je vois à la messe tous les matins, me disait récemment: "Dieu n'est qu'amour. Après, on a rajouté des choses: 'il punit', etc. Mais en réalité Dieu n'est qu'amour, et on a rajouté des choses pour que la messe soit plus longue."
Cette réflexion peut sembler banale, mièvre ou naïve, mais je crois
qu'il n'en est rien. Si nous considérons que l'amour est le nom de la
simplicité de Dieu, alors elle apparaît dans une autre lumière.
L'amour
dont il est question n'est pas une émotion vague, une gentillesse
béate. Loin de là, il est la simple plénitude dont découlent toute
réalité, toute puissance, toute beauté, toute liberté, toute justice,
toute bonté, toute douceur et toute force.
Tous les discours
des théologiens, les tâtonnements des philosophes, les prières de la
liturgie, ne viseraient donc que ce point unique, dans son absolue
simplicité.
Il faudrait toujours se souvenir de cela lorsque nous parlons de Dieu, et à Dieu.