Conscience et "obéissance"
"Si quelqu'un des ministres* commandait à un frère quelque chose de contraire à notre règle de vie ou à sa conscience, qu'il ne soit pas tenu de lui obéir; car il n'y a pas d'obéissance au nom de laquelle on puisse commettre une faute ou un péché." Saint François d'Assise, Première règle des Frères Mineurs, V.
On présente souvent le christianisme, en particulier dans sa forme catholique, comme une idolâtrie de l'obéissance. Et sans doute, cela n'est pas dépourvu de vérité: qui n'admettrait pas qu'il y a d'énormes excès dans la façon dont certains responsables d'Eglise exercent l'autorité, et plus encore, peut-être, dans le désir infantile de certains croyants qui ne cherchent dans la foi qu'un moyen d'échapper à leur liberté?
Pourtant, d'après saint François, même pour un membre de son ordre, l'obéissance doit toujours être subordonnée à l'écoute de la conscience. C'est alors seulement qu'elle peut être un moyen de cohésion dans la vie de l'ordre, et non pas une abdication de soi-même et un refus de Dieu. N'est-ce pas lui, en effet, que nous refusons d'écouter lorsque nous étouffons le murmure qui nous guide de l'intérieur?
*Les "ministres" sont les supérieurs des communautés. Le terme, qui signifie à l'origine "serviteur", renvoie à l'esprit dans lequel ils sont censés exercer leur fonction.